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Mais, sur ces entrefaites, le journal le Temps divulgua ces pourparlers en publiant les grandes lignes du projet. La conséquence de cette indiscrétion qui violait le secret dont on avait cherché à s'entourer, fut que la Commission des finances demanda que l'engagement des dépenses envisagées demeurât soumis à l'autorisation législative. Un projet de loi, celui du 27 février 1913, qui demandait l'engagement de 500 millions en plus des crédits budgétaires, fut déposé. Mais au moment où la Commission du budget examinait ce projet, les expériences du commandant Malandrin relatives à une plaquette permettant au 75 de faire du tir courbe parurent une raison suffisante pour faire abandonner la demande de crédit de 80 millions prévue pour la constitution de batteries d'obusiers de campagne. Le total du programme se trouva ainsi réduit à 420 millions[1].

Le projet de loi fut rapporté le 18 mars 1913 par M. Clémentel ; il ne vint jamais en discussion. En effet, quelques jours avant le dépôt du projet de loi, la Commission des finances autorisa à l'unanimité les ministres de la Guerre et des Finances à engager par anticipation une somme de 72 040 000 francs, à la suite de quoi le ministre de la Guerre notifia aux services intéressés les sommes que chacun d'eux était autorisé à engager immédiatement. On n'avait jamais vu pareil zèle ni pareille promptitude à satisfaire les besoins nationaux. La crainte est le commencement de la sagesse.

Voici quelles étaient les principales bases du programme adopté :

21 170 000 francs pour l'approvisionnement en munitions de 75 (à réaliser en deux ans) ;

54 400 000 francs pour la substitution d'obus en acier aux obus en fonte (à réaliser en onze années) ;

98 450 000 francs pour les places de l'Est et du Nord-Est (à réaliser en cinq ans) ;

  1. Ce programme est connu sous le nom de "Programme des 420 millions".