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Page:Mémoires inédits de Bertrand Poirier de Beauvais, 1893.djvu/197

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nos blessés aux hôpitaux, est vraiment une générosité qui ne peut s’exprimer.Il existe sans doute encore une infinité de soldats républicains qui peuvent attester de la vérité de ces preuves multipliées d’humanité.

Ce fut en allant d’Ernée à Fougères que mourut Lescure des suites de la blessure qu’il avait reçu à la bataille sous Cholet. Sa femme, qui lui était tendrement attaché, pour ne pas s’en séparer même après la mort, voulut que son corps dans une voiture suivit l’armée. Le général de Donnissan, son père, le fit enlever à l’insu de sa fille, à Pontorson. Cette mort apporta encore des incertitudes dans nos affaires, et à Fougères, il y eut des débats pour savoir si décidément l’on prendrait la route de la Normandie en passant par Dol, ou celle de Rennes.

Ce qui parut déterminer, ce fut la nouvelle que l’on reçut du secours promis qui nous arrivait d’Angleterre, si nous pouvions nous assurer d’un port.


En conséquence , nous allâmes à Dol afin de prendre des informations plus précises sur Saint -Malo , et si nous ne pouvions nous en emparer , pour marcher sur Granville ou Cherbourg .

L’armée ne fit aucune rencontre sur sa route , passa la nuit du 8 novembre à Antrain , et le surlendemain entra sans difficulté à Dol . Elle y fit séjour , et sur les informations reçues de Saint -Malo , on ne jugea pas à propos de l’attaquer .

On forma alors le projet de marcher sur Granville . Le pain, les fourrages , etc. , étant très rares , pour être moins dans la disette , j’avais envoyé une partie de mes chevaux et domestiques au château des Ormes , appartenant à M. L’Évêque , et distant de Dol d’environ quatre milles .