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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/112

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moins distans les uns des autres que vous ne l’éprouvez en parcourant l’espace qui les sépare ; et après l’avoir parcouru, l’étonnement redouble, lorsque, plus près de l’immense baldaquin sous lequel s’élève l’autel, vous en saisissez la hauteur. Enfin, ce n’est que lorsque vous avez, pour ainsi dire, développé vous-même ce grand plan, que vous en concevez toute l’étendue ; c’est alors, c’est du milieu de la basilique, qu’instruit par votre propre expérience des distances et de la grandeur des masses dans la partie que vous avez parcourue, et jugeant des autres par celles-là, vous êtes frappé de tout l’étonnement, de toute l’admiration que doit causer ce beau spectacle et que vous éprouvez une sorte d’amour-propre qu’inspire à l’homme le sentiment de la grandeur dans les ouvrages de l’homme, charme secret, qui peut-être nous attache le plus aux grands chefs-d’œuvre des arts.

J’ai entendu des artistes et des métaphysiciens soutenir que c’est un défaut dans cet admirable monument, de ne pas produire tout-à-coup toute son impression, et de ne pas faire sentir au premier instant toute sa grandeur. Je ne leur ai jamais ouï dire une bonne raison de ce jugement, que je combats, d’abord par le charme même de l’impression qu’on reçoit, toute graduée qu’elle est, et ensuite par quelques réflexions.

Il me semble que, dans tous les procédés des beaux-arts cherchant à faire leurs impressions