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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/120

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l’histoire ancienne : tous les héros de l’antiquité se ressemblent et sont calqués d’après un même modèle ; de sorte qu’on peut faire une formule générale qui exprime toute leur histoire. Un grand homme doit naître des dieux, ou des fils des dieux ; sa naissance doit être extraordinaire et accompagnée de miracles ; il doit être exposé en naissant, et sauvé par des moyens singuliers ; il doit courir beaucoup de dangers pendant sa jeunesse, essuyer de grands travaux, détrôner des tyrans, combattre des monstres ou exterminer des brigands, être le conquérant et ensuite le législateur d’un grand peuple, mourir et disparaître sans savoir comment, être élevé au ciel et obtenir l’apothéose. Qu’on parcoure l’antiquité tout entiere, et on verra qu’Osiris, Minos, Thésée, Moïse, Romulus, Numa, etc., se ressemblent exactement en tous ces points ; et n’en faut-il pas conclure que leur histoire est un roman ?

Il appelait cette ressemblance des principaux personnages des histoires anciennes, consonnance mythologique ; et il se proposait d’en faire sentir la réalité dans un petit ouvrage sous ce titre, par des parallèles suivis entre les vies des héros de l’antiquité. Par exemple, il prouverait que le David des Hébreux et l’Apollon des Grecs est un seul et même homme : leur nom, disait-il, a exactement la même signification grammaticale ; Apollo vient d’Απόλλυμί, perdo ; et le mot David, qui a peu d’analogie avec l’hébreu, vient directement du mot qui, dans pres-