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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/76

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entraient dans nos études et nous occupaient bien plus que les futilités théologiques. Je me contenterai ici de rappeler la discussion, j’ose dire très-approfondie, que nous avions faite pendant le cours de notre licence, M. Turgot, l’abbé de Brienne et moi, de la grande question de la tolérance civile des opinions religieuses.

À l’époque où nous étions en Sorbonne, querelle des jansenistes avec l’archevêque de Beaumont, qui voulait qu’on refusât les sacremens aux mourans qui ne produisaient pas de billets de confession d’un prêtre approuvé, était dans toute sa chaleur ; le parlement poursuivant les curés et les vicaires qui refusaient le viatique à défaut de billets, et l’archevêque interdisant ceux qui administraient sans les exiger. De là s’élevait très-naturellement, dans les écoles, la question de la tolérance religieuse et civile.

Une autre question plus importante ramenait encore, en ce temps-là, cette même question. On accusait les protestans de remuer en Languedoc pour obtenir la liberté de leur culte. En attendant, ils se mariaient au désert ; ils faisaient baptiser leurs enfans par des curés, de qui on obtenait de ne pas faire mention de la religion des pères et mères : ils se plaignaient amèrement d’être exclus des emplois publics ; ils demandaient à redevenir concitoyens de leurs frères. Nous nous occupions fortement de tout cela ; et, entraînés par l’esprit philosophique, qui avait com-