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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/32

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velle demeure, qu’elle alla me dénoncer à son comité révolutionnaire, qui envoya deux de ses membres au comité de ma section pour demander que je fusse arrêté. On sait que la commune de Paris avait établi ce petit commerce entre les sections, jusque-là qu’il était même loisible au comité d’une section d’aller arrêter un citoyen dans l’arrondissement d’une autre, sauf à rendre compte à celle-ci de l’emprisonnement de l’accusé.

Mon comité répondit aux députés de l’Observatoire qu’il n’avait eu jusqu’à ce moment aucun sujet de me regarder comme suspect, qu’il ne pouvait me faire arrêter sans m’avoir interrogé, et qu’on leur rendrait compte du résultat de l’examen.

En conséquence, le 15 juillet, en rentrant chez moi, à neuf heures du soir, je trouvai une invitation du comité révolutionnaire de ma section pour m’y rendre le soir même. Je m’y transportai sur-le-champ, après avoir pris quelque argent dans ma poche, et caché parmi mes livres quelques portefeuilles de mes écrits les plus libres contre ces messieurs, lorsque j’en laissais vingt autres, tous très-capables de me faire conduire à la place de la Révolution. Je ne pris pourtant pas mon bonnet de nuit, autant par une sorte de sécurité qui n’était pas trop bien fondée, que par cette réflexion qui n’était guère plus sage, qu’on ne me mènerait pas en prison sans m’avoir ramené chez moi.