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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/47

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grés conspirateurs de l’extérieur l’espoir qu’on leur rendra leurs propriétés.

Enfin, les plus modérés proposaient, comme une mesure indispensable, de ne faire cette restitution qu’aux enfans de ceux que les tribunaux révolutionnaires auraient condamnés injustement, et de décréter que les jugemens seraient révisés par une commission, tant sur les pièces que sur les enquêtes qui seraient faites, dans le canton, du civisme des condamnés, en ajoutant que, dans le cas où la révision serait impossible, on accordât des secours aux enfans des condamnés qui produiraient des certificats de civisme. Et l’on voit assez que ce système eût maintenu les trois quarts des confiscations, par l’impossibilité de retrouver les pièces, de suivre les enquêtes, d’obtenir des certificats de civisme pour les pères morts de remplir enfin toutes les formalités de cette injuste loi.

Je joins ici deux faits qui me paraissent décisifs. D’abord, pendant que je travaillais au Cri des Familles, des gens honnêtes et instruits me disaient sans cesse : Vous aurez beau prouver ce dont personne ne doute, vous ne ferez pas revenir sur une loi qui donne à la république de l’argent dont elle a tant besoin, et vous vous exposerez sans aucun fruit.

Voici l’autre fait : jusqu’en juin 1795, où la question était déjà en discussion depuis près de deux mois, on avait vendu et acheté dans toute