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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/78

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cée. Mais c’était un projet plus facile à former que facile à exécuter avec quelque succès.

Outre que la perte de toute liberté pour la presse, depuis l’époque du 18 fructidor, ne me laissait aucune possibilité de publier rien de mes travaux relatifs aux affaires publiques, la difficulté de vendre les ouvrages de ce genre empêchait les libraires de les payer. On ne vendait que des romans. Plusieurs de ceux qu’on avait traduits de l’anglais avaient réussi. Un homme très-bon et très-obligeant, M. Lallemant, secrétaire-interprète aux bureaux de la marine, me proposa d’en traduire qu’il me ferait venir de Londres par les moyens que lui fournissait sa place. Il me donna d’abord l’Italien, ou le Confessional des pénitens noirs, ouvrage en trois volumes, dont je vendis la traduction à Denné, libraire, rue Vivienne, pour une somme de 2,000 liv., payable par quartiers, à commencer trois mois après la publication.

Je traduisis dans la même année, the Children of the Abbey, les Enfans de l’Abbaye, six volumes in-12, que je vendis 100 louis. Je rappellerai ici l’épigraphe que je mis à la tête de ce livre, parce qu’elle rend assez heureusement la situation du traducteur, et la disposition de son esprit en se livrant à ce genre d’occupation qu’on peut appeler frivoles :


Mæstus eram, requiesque mihi, non fama petita est,
MæstMens intenta suis ne foret usque malis. Ovid.