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Oui, mon cher, vous auriez admiré tout comme je l’ai fait les beautés étincelantes et peu voilées que j’ai été à même de voir.

Voici la chose : vous savez qu’on représentait le soir des tableaux vivants.

Pour me faire une gracieuseté que je n’oublierai jamais, on décida que l’on représenterait le soir un de mes dessins. — Le Bûcher de Sardanapale. Pour cela, il fallait le concours de ces dames.

Comment faire ? Mes femmes à moi étaient si peu habillées ?

On tint conseil, Grondinette, Gredinette, Cochonne, voulurent à toutes forces que l’on copiât l’œuvre telle qu’elle avait été conçue… Des maillots, — un peu d’enfantillage… et force diamants, fesaient l’affaire, disaient-elles !

Aussi, le soir, quand la toile se leva, et que l’on vit le tableau, ce furent des trépignements, des cris d’admiration !

Quant à moi, modeste, je rougissais, je ne me croyais pas autant de génie.

Grondinette surtout, un modèle, du plus pur marbre de Paros, étendue sur une peau de tigre, n’ayant comme Vénus, pour tout vêtement, qu’une ceinture de diamants, était belle à rendre fou !