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friandises les plus appréciées des gourmets et on n’obtient plus alors que des métis fades et insipides.

Cette courte digression dans le domaine de la botanique, à propos de melons et de concombres, nous amène tout naturellement à nous occuper du vicomte Arthur d’I…

Par une belle journée de mai, dans la rue du Hâvre, se promenait un jeune homme grand, bien fait, ayant toute l’apparence d’un sportman. Il avait cet air un peu jockey que nos voisins d’outre-mer, ont mis à la mode.

C’était le vicomte Arthur d’I…

Il se promenait de long en large, comme un homme ennuyé de sa personne.

Ne pouvant occuper sa tête, il essayait d’occuper ses jambes. Tout à coup il avisa dans une boutique de fruits et de comestibles qui fait face au lycée Bonaparte une belle personne brune, d’une taille plus que moyenne, aux appas luxuriants, et qui marchandait des concombres.

Traverser la rue à grandes enjambées, se précipiter dans la boutique fut l’affaire d’un instant. Notre vicomte était légèrement toqué. Combien de gens après tout pourraient encourir la même accusation, lorsqu’ils se trouvent en présence d’un joli minois. Donc, notre

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