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— Faut-il envoyer les concombres chez Monsieur le vicomte ?

— Non ! certes ! mais, d’abord, combien vous dois-je pour ce tas.

— Huit francs cinquante centimes !

— Les voici ! envoyez-moi, je vous prie, chercher une voiture et faites y déposer ces légumes.

— À vos ordres, Monsieur le vicomte.

La voiture arrivée et chargée : — Où faut-il vous conduire bourgeois ? demanda l’automédon, avec ce ton familier et enroué qui est propre au cocher de Paris.

— Rue… n°…

— Oh ! Monsieur le vicomte, qu’allez-vous faire ! hasarda la marchande.

— Eh ! parbleu ! Madame Henry, je vais les porter chez votre belle cliente.

Quelques instants après, le vicomte grimpait l’escalier d’Anna, les bras remplis des fruits à la structure oblongue qu’il lui avait disputés dans le magasin de comestibles. Il sonne, la camériste vient ouvrir.

En apercevant, le jeune homme, et son bizarre fardeau elle part d’un interminable éclat de rire…

— Madame Anna B…

— Est-ce Monsieur ! ou les concombres