Page:Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, 1880.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 33 —


qu’avais-je fait pour cela ? mais vous voilà, tout est oublié !

— Pardon, monsieur, c’est à moi que vous parlez, vous vous trompez sans doute.

— Ah Marie, pourquoi me faire tant de mal, ne me reconnais-tu pas ? moi, ton Emmanuel, ne te souviens-tu plus de notre chère petite chambre et de nos beaux jours du boulevard St-Michel.

— Mais, monsieur, c’est une erreur, je n’ai pas l’honneur de vous connaître, je ne vous ai jamais vu.

— Vous, tu ne me connais pas, balbutia le jeune homme…

— Il faut que cela finisse, dit la comtesse. Vicomte, fit-elle, en appelant du bout de son éventail un chambellan qui passait, débarrassez-moi donc de ce monsieur qui prétend me connaître et que je n’ai jamais vu ; il me prend pour une de ses anciennes passions, je crois, ce petit monsieur ! C’est bien drôle, n’est-ce pas ? et elle riait en montrant ses belles dents.

— Je vous serais obligé de sortir, monsieur, dit le chambellan ; ou, sans cela, je serais forcé de recourir à des procédés qui me seraient désagréables, ajouta-t-il en voyant les yeux menaçants d’Emmanuel.