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— C’est bien, Monsieur, je verrai… je m’arrangerai !…

Le lendemain, la femme, qui est jeune et jolie, revient toute en larmes :

— Mon Dieu ! je suis désolée ; je ne vous apporte pas d’argent ; je n’ose en demander à mon mari !… une pareille somme !…

J’ai été voir plusieurs de mes amies, et je n’ai rien pu trouver.

— J’en suis bien fâché, Madame ; — mais si je ne suis pas soldé demain, je serai obligé de m’adresser à Monsieur votre mari : — j’ai des engagements, moi !

— Mais, Monsieur, je suis perdue, si mon mari sait cela !… lui qui est si économe ! C’est la brouille complète de mon ménage ; mon mari ne me le pardonnera jamais ; ma famille me tournera le dos. Je vous en prie, donnez-moi du temps ; je vous paierai par à-comptes ;… je ne sais pas comment… mais vous serez payé ; je vous le jure !

— Encore une fois, Madame, impossible ; je suis de fer dans ces occasions-là.

— Par grâce, Monsieur…

Et la jeune femme se tordait les mains en tournant ses beaux yeux obscurcis par les larmes, vers son féroce interlocuteur.

— Voyons, vous m’attendrissez : — Je