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ÉROS


ETUDE SUR LA SYMBOLIQUE DU DÉSIR




Parmi les types mythologiques que l’antiquité a légués à l’art moderne, il n’en est aucun qui ait été plus souvent reproduit que celui de l’Amour. Les enfants ailés qui, dans les peintures galantes du dernier siècle, voltigent autour des amants sous des bosquets de roses, et ceux qui, dans la peinture religieuse, descendent des nuages avec des couronnes et des palmes, ou emportent les personnages divins dans les assomptions et les gloires, appartiennent, au point de vue de l’art, à un même type, et c’est seulement d’après le caractère des scènes où ils figurent qu’on nomme les uns des amours, les autres des anges ou des chérubins. Il peut être intéressant de chercher l’origine et de suivre les transformations de ce type qui, dans l’art antique aussi bien que dans l’art moderne, se présente avec une double signification, mystique et sensuelle.

Le type de l’Amour est purement grec. Il y a, il est vrai, dans les mythologies orientales, des figures ailées, et on sait que quelques-unes ont pénétré en Grèce, mais on sait aussi ce qu’elles y sont devenues. L’oiseau à tête humaine qui, dans les peintures égyptiennes, représente l’âme séparée du corps, a fourni aux Grecs l’allégorie des Sirènes, dont le caractère funèbre s’est mieux conservé dans les monuments figurés que dans la poésie. Les femmes-oiseaux qui emportent des enfants dans les bas-reliefs lyciens du British Museum peuvent être rapprochées des Harpyies de la mythologie homérique. Les personnages ailés de l’Assyrie et de la Perse ont pu servir de modèles aux Gryphons des Grecs comme aux Chérubins des Juifs, et la ressemblance même de ces deux mots