Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/318

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vine dans la flamme du sacrifice et dans les entrailles des victimes, car le sacrifice, étant un appel de l’homme à l’intervention divine, semblait l’occasion la plus naturelle d’interroger les dieux. Toute question espère une réponse, et on ne pouvait croire les dieux muets et sourds sans les croire indifférents aux affaires humaines, ce qui reviendrait presque à nier leur existence. La croyance aux présages et à la possibilité de les expliquer était donc regardée comme une des bases de la religion ; elle existait chez les savants comme chez le reste du peuple. A la vérité elle fut contestée, à l’époque où toutes les opinions furent mises en question ; mais aux épicuriens et aux sceptiques qui niaient la divination, parce qu’ils ne croyaient pas à la providence divine, on opposait le consentement universel de tous les peuples et d’innombrables témoignages de la véracité des oracles. Cicéron, qui cependant conclut contre la divination, met dans la bouche de son frère les arguments de ceux qui la soutenaient :

« Il faudrait donc douter de toute l’histoire grecque, disaient-ils. Qui ignore les réponses d’Apollon Pythien à Croesos, aux Athéniens, aux Lacédémoniens, aux Tégéates, aux Argiens, aux Corinthiens ? Chrysippe (le stoïcien) a recueilli d’innombrables oracles, tous certifiés par d’irrécusables témoignages. Mais chacun sait cela, et il cet inutile d’insister. Un mot seulement : le temple de Delphes aurait-il été si célèbre, si universellement consulté, aurait-il reçu tant de riches offrandes de tous, les peuples et de tous les rois,