Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/327

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statues d’Hermès. Les Eumolpides, secouant vers le couchant leurs robes de pourpre, prononcèrent leurs terribles imprécations. Seule, l’hiérophantide Théano, refusa de s’y associer, disant quelle était chargée de faire des vœux pour ses concitoyens, non de les maudire. Les accusations aussi graves ne pouvaient être intentées légèrement ; la loi athénienne punissait très sévèrement les dénonciateurs qui n’obtenaient pas le cinquième des suffrages. Mais en donnant des garanties aux accusés, les Athéniens devaient aussi préserver de toute atteinte cette religion des mystères, qui n’était pas seulement une propriété privée, mais qui était devenue, par l’admission des Éleusiniens dans la république d’Athènes, une propriété nationale. L’initiation, considérée comme un privilège des citoyens d’Athènes, avait, pour eux toute l’importance d’un droit politique ; elle devait être entourée d’autant de restrictions que le droit de cité, et protégée par autant de garanties. La violation du secret des mystères était donc une sorte de crime d’État ce qui d’ailleurs est conforme aux habitudes des Grecs, chez qui les institutions religieuses étaient en même temps des institutions nationales.

Ainsi, aux raisons théologiques qui partout enveloppaient de silence et d’ombre le culte des puissances chthoniennes, se joignaient, à Eleusis en particulier, des raisons historiques et politiques plus que suffisantes