Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la légende ces charbons ardents sur lesquels la déesse plaçait son nourrisson, le fils de Métanire.

Quand les mystes avaient reçu la nourriture divine qui les unissait aux dieux, quand ils avaient traversé toutes les épreuves, tous les degrés de l’initiation, jusqu’à l’Epoptie, c’est-à-dire à la contemplation des saints mystères, leur bonheur était assuré même dans la mort, car ils connaissaient les secrets de la vie éternelle.

« Heureux, dit Pindare, celui qui, après avoir vu ces choses, descend sous la terre ! Il connaît la fin de la vie, il connaît la loi divine. »

Il semblait que la sanctification conférée par ce sacrement devait s’étendre jusque sur l’autre vie :

« Le sort des initiés et celui des profanes sont différents même dans la mort », dit l’hymne homérique.

Cette différence supposait implicitement que les mystes avaient rempli les conditions de pureté qui leur étaient imposées, autrement on aurait pu demander, comme Diogène, si un brigand initié serait plus heureux qu’Epaminondas qui ne l’était pas ; les actes extérieurs de piété ne suppléaient pas plus aux bonnes œuvres dans l’Antiquité qu’aujourd’hui. Mais l’influence, morale des mystères n’en était pas moins généralement reconnue. Selon Diodore de Sicile, ceux qui avaient participé aux mystères passaient pour devenir plus pieux, plus justes et meilleurs en toute chose.

« Vous avez été initiés, disait le rhéteur Andocide aux Athéniens, et vous avez contemplé les