Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/338

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de la production et de la mort. L’idée du grain de blé qui meurt pour ressusciter en épi se représente sous une autre forme dans la pluie divine tombant sur la terre pour renaître dans la liqueur sacrée des libations. Le vin pouvait être pris comme le pain pour symbole de la communion des êtres. Cependant il est très difficile de savoir exactement quel était le rôle de Dionysos dans les mystères. Remplaçait-il Démophon comme nourrisson de Déméter ? Était-il substitué à Hadès comme époux de Perséphone, où était-il le fils d’une des grandes déesses ? Dès qu’il est question de Dionysos, toute la mythologie devient obscure et indécise ; les distinctions des types disparaissent et s’effacent, Rhéa est identifiée avec Déméter, Coré (Perséphone), sous le nom de Brimô, avec Hécate, qui elle-même n’est pas distincte d’Artémis. Bientôt Rhéa, Déméter et Coré semblent se confondre, et toutes puissances multiples de la nature sont absorbées dans la vague unité du panthéisme. Si on possédait encore les anciens poèmes dionysiaques, on pourrait suivre dans ses transformations ce culte étrange qui sert de passage entre le polythéisme grec et les religions unitaires de l’Orient ; mais les poésies orphiques que nous possédons appartiennent à une époque où déjà la confusion est complète. Le dieu qui frappe ses ennemis de vertige semble avoir traité de même ses adorateurs ; l’orphisme est le délire de l’ivresse et de l’extase ; la pensée humaine