Page:Ménard - Exégèse biblique et Symbolique chrétienne, 1894.djvu/18

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vons pas à quelle époque remontait l’ouvrage phénicien de Sanchoniathon, nous n’en avons que des fragments mutilés et traduits en grec par Philon de Biblos qui travestit souvent l’original par ses explications philosophiques et ses tendances évhéméristes.

Il importe assez peu d’ailleurs que le rédacteur du premier chapitre de la Genèse ait eu sous les yeux des cosmogonies étrangères et qu’il ait emprunté quelques détails aux Phéniciens, aux Chaldéens ou aux Égyptiens ; son récit est plus simple que tous les autres, et il en a fait une œuvre originale et vraiment juive par sa façon monothéiste de concevoir l’ordre général de l’univers. Cependant Philon explique l’emploi du pluriel dans le récit de la création de l’homme en disant que les Anges y ont participé : « Après avoir dit que le reste avait été créé par Dieu, dans la seule création de l’homme, il (Moyse) montre une coopération étrangère. Dieu dit : Faisons l’homme à notre image ; ce mot Faisons indique la pluralité. Le Père universel s’adresse à ses Puissances et les charge de former la partie mortelle de notre âme en imitant l’art avec lequel il a formé lui-même notre partie raisonnable, car il juge bon que la faculté directrice de l’âme soit l’œuvre du chef et que ce qui doit obéir soit l’œuvre des sujets ». Cette opinion se trouve dans le Poimandrès d’Hermès Trismégiste ; l’homme typique, créé par Dieu, traverse les sept sphères,