Page:Ménard - Exégèse biblique et Symbolique chrétienne, 1894.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans le second récit règne, nous ne voulons pas dire une autre conception de Dieu, mais un tout autre style : Dieu, pour créer l’homme, prend de la poussière, puis il forme sa créature, puis il lui souffle dans les narines le souffle vital. Il plante un jardin, prend l’homme pour l’y établir ; il forme aussi les bêtes et les amène à l’homme ; il prend une côte et bâtit la femme, après avoir refermé la plaie ouverte. Plus loin il se promène dans le jardin à la fraîcheur du soir et fait du bruit en marchant. On le voit, les anthropomorphismes abondent et sont en partie d’une naïveté telle que personne ne songe plus à les prendre à la lettre ». Ces formes d’une mythologie naïve me font croire que le morceau iahwiste, quoique placé le second, est plus ancien que le morceau élohiste, dont la forme semble indiquer un commencement de réflexion philosophique, comme le début de la Théogonie d’Hésiode, après les préambules, et comme le discours d’Isis à son fils Hôros dans les livres hermétiques.

Les prophètes juifs ne font aucune allusion à la fable du paradis perdu, ce qui peut faire croire qu’elle a été empruntée à une mythologie étrangère. Le mot Keroub, ou Chérubin, n’est pas d’origine hébraïque ; c’est le nom des taureaux ailés à tête humaine que les Assyriens et les Perses plaçaient aux portes des palais royaux. Les Grecs en ont fait les griffons, gardiens des trésors. On voit souvent, dans les bas reliefs