Page:Ménard - Exégèse biblique et Symbolique chrétienne, 1894.djvu/30

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société civilisée, aura pour base la sujétion de la femme à l’homme. La loi de l’homme est le travail, celle de la femme est la maternité ; elle enfantera dans la douleur, car la maternité est son bonheur et sa gloire, il faut bien qu’elle la paie : la douleur est la rançon de toute joie et la condition de toute vertu. Quant au serpent, l’anathème prononcé contre lui n’est qu’une explication mythique des répugnances de notre espèce contre cette bête mystérieuse qui passait dans l’antiquité et passe encore en Orient pour le type de la prudence et de la ruse. Et pourtant il n’avait pas menti, le serpent d’Éden : nous sommes comme des Dieux, connaissant le bien et le mal. Iahweh le sait, et voilà pourquoi il fait garder par une épée flamboyante la route qui mène à l’arbre de vie ; car l’homme a été créé mortel, et il doit retourner à la terre d’où il est sorti. Qu’elle lui ouvre son sein profond et qu’il y dorme d’un éternel sommeil : requiescat in pace . Il n’y a dans la fable juive aucune allusion à l’espérance d’une autre vie.


La chute et la rédemption.

En greffant le symbole de la chute et de la rédemption sur la fable juive du Paradis, du serpent et de la pomme, le Christianisme lui a donné une portée psychologique et morale. C’est un exemple remarquable de la souplesse de la langue mythologique, qui se prête bien