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BLANCHE


Eh bien, s’il me faut dire un éternel adieu
À cet espoir permis à toute créature,
Guidez mes pas tremblants, éclairez-moi, mon Dieu !
Qel baume guérira ma profonde blessure ?
Coment fuir cet abîme entr’ouvert sous mes pas ?
Qe faire enfin ? Mon Dieu ! Vous ne répondez pas !

Èle pleurait ; son front se courbait sur les dales ;
Sous la voùte funèbre aus sonores écos,
Le bruit de ses soupirs montait par intervales
Les rayons de la lune, à travers les vitraus,
Caressaient d’un reflet d’argent les boucles blondes
De ses cheveus épars tombant en lourdes ondes.

Puis èle se leva, tremblante, l’œil en feu,
Et reprit d’une vois plus forte sa prière :
« Vous exaucez mes pleurs, soyez béni, mon Dieu !
Vous faites dans ma nuit tomber votre lumière ;
Vous prenez en pitié mes remords infinis ;
Vous m’appelez à vous : mon Dieu, je vous bénis !

Votre soufle a chassé les rèves de la tère.
L’encens pur de l’amour, à vous seul destiné,
Je le brùlais aus pieds d’une idole éfémère :
Vous épurez l’autel un instant profané ;
Et, lorsqe vous prenez ma vie en sacrifice,
Vous mètez votre amour dans le fond du calice ! »

L’Église s’éclairait sous la vague lueur
Du matin ; à genous contre un pilier de pière,
Blanche priait encor, qand son vieu confesseur
Se montra, puis, craignant de troubler sa prière,
S’arèta sur le seuil. Dès q’èle l’entendit,
Blanche marcha vers lui d’un pas ferme, et lui dit :