Page:Ménard - Poèmes et Rèveries d’un paien mistique, 1895.djvu/316

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NIRVANA.


L’universel désir guète come une proie
Le troupeau des vivants ; tous viènent tour à tour
A sa flàme brùler leurs ailes, comme, autour
D’une lampe, l’essaim des falènes tournoie.

Eureus qi sans regret, sans espoir, sans amour,
Tranqile et conaissant le fond de toute joie,
Marche en pais dans la droite et véritable voie,
Dédaigneus de la vie et des plaisirs d’un jour !

Néant divin, je suis plein du dégoût des choses ;
Las de l’illusion et des métempsicoses,
J’implore ton someil sans rève ; absorbe-moi,

Lieu des trois mondes, source et fin des existences.
Seul vrai, seul immobile au sein des apparences ;
Tout est dans toi, tout sort de toi, tout rentre en toi !