Page:Ménard - Poëmes, 1855.djvu/20

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de son fleuve, et dans ses temples de granit, où rugissent les monstres de l’Afrique, garde mystérieusement le secret du sphinx éternel. Mais les races belliqueuses de la haute Asie acceptent la vie comme un combat et entrent armées dans l’arène où luttent le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, l’attraction et la répulsion, l’Être et le néant ; solution magnifique de cette antinomie incessante d’où résulte la vie.

Cependant l’enfant grandit ; déjà dans les forêts il a dompté les monstres, et dans le sentiment de sa force il puise la notion de son droit. Les théocraties pétrifiantes des races agenouillées ne prennent pas racine sur le sol béni de la Grèce : partout des législateurs au berceau des républiques. La fière jeunesse s’y fortifie par la lutte et par la conscience de sa dignité morale. Dans l’àpre Idumée, si Job se plaint de l’injustice de Jéhovah, le Dieu du désert lui répond : « Où étais-tu quand je semai les étoiles ? » Cet argument n’eût pas suffi en Grèce ; l’homme y est si grand, qu'il traite les dieux en égaux . Œdipe se déclare innocent devant eux de son crime involontaire, car il n’a pas violé