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Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/146

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Madeleine partit le lendemain. Longtemps
Blanche suivit des yeux sur la vague lointaine
Le vaisseau disparu dans les brouillards flottants,
Et puis, dans la cellule où vivait Madeleine,
Prosternée, inonda de pleurs et de baisers
La place où tant de fois ses pieds s’étaient posés.

Elle s’agenouillait dans les longues journées
Devant le crucifix témoin de leur adieu,
Et remontait le cours de ses jeunes années.
Elle se revoyait, enfant, sous l’œil de Dieu,
Pour la première fois à la table bénie,
Où l’âme, vierge encore, avec Dieu communie ;

Puis, plus grande et rêvant, dans sa mystique ardeur,
De saints renoncements, d’austères Thébaïdes,
Douce extase de l’âme, ascétique ferveur,
Longues nuits à genoux sur les dalles humides :
Larmes, brûlants soupirs, recueillement divin,
Que son cœur ulcéré redemandait en vain.