Aller au contenu

Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Là, sous un bois de myrte, eu des routes discrètes,
Ceux que l’amour brûla de ses fièvres secrètes
Vont fuyant sans repos, même à travers la mort,
L’aiguillon d’un désir qui jamais ne s’endort.
Les amants, le cœur plein de molles lassitudes,
S’égarent deux à deux au fond des solitudes.
Leur rêve les épuise, et de la volupté
Renaissent les désirs pendant l’éternité.

Il en est qui, brûlés de soifs inextinguibles,
Appellent, haletants, des amours impossibles ;
Les uns, pensifs et seuls, cœurs à l’espoir fermés,
Car ils ont autrefois aimé sans être aimés ;
D’autres, plus délaissés et plus tristes encore,
Exilés de l’amour qu’un souvenir dévore,
Pâles de jalousie, évoquent à la fois
Tous les spectres pleures du bonheur d’autrefois.
Plus loin passe, pareil aux vagues soulevées,
Le funèbre troupeau des âmes énervées,
Qui, dispersant leur cœur en changeantes amours,
D’un parjure éternel déshonorent leurs jours.