Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/21

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éternels. Comme l'enfant aussi, étonné et inquiet de la faiblesse de 1'homme devant la toute-puissante nature, qui l'étreint et l'écrase, l'antique Orient en adore les forces énergiques et sauvages, formes multiples d'une substance infinie toujours immuable sous ses mille incarnations, tantôt bienfaisante, tantôt funeste ; le lion du désert et le mystérieux dragon ont des temples comme les astres impérissables qui versent d'en haut leur lumière sacrée et leurs occultes influences.

Cette vie, si mobile et si régulière, inconsciente et sûre d'elle-même, le frappe de respect et d'épouvante : tantôt il veut se dégager des bras de cette nature absorbante et terrible, tantôt il se précipite tête baissée dans le tourbillon de la vie universelle. La grande prostituée de Babylone convie aux fêtes de Mylitta les peuples sensuels de la Chaldée. Les forêts vierges de l'Inde sont jonchées de pâles anachorètes qui, fermant les yeux au rêve divin, cherchent l'immuable caché sous l'illusion mobile des apparences, et s'y noient comme dans une mer pour échapper au fardeau des métempsycoses. L'Egypte se couche le long