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Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/24

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ce dans l'esclavage ; et puis nos joies d'hier nous pèsent comme un remords, et le sang d'un Dieu suffirait à peine à laver nos souillures. Où est le rédempteur, le Dieu nouveau qui doit succédera Zeus, d'après les vieux oracles ? Est-ce le dieu des mystiques orgies, Eleuthère, le libérateur, l'endormeur des soucis de l'âme ? Non : pour comprendre les souffrances humaines, il faut être homme et avoir souffert. Sera-ce le dompteur des monstres, celui qui enchaîne Cerbère et délivre Prométhée ? Hélas ! le serpent qui nous ronge est plus vivace que l'hydre de Lerne, et nos remords sont plus lancinants que les vautours du Caucase. Interrogeons l'Orient, qui depuis si longtemps incarne ses dieux pour le salut du monde.

Alors s'ouvrent les sanctuaires de l'Asie, berceau des races divines, et la terre voit apparaître les sauveurs attendus, les vertus vivantes. C'est Kriçna, l'incarnation de Viçnu ; c'est Çakya Mouni, l'essénien de l'Inde, qui vit au désert et nivelle les castes ; c'est Jésus de Nazareth, le Bouddha juif, qui annonce la vie éternelle au seul peuple matérialiste de l'antiquité. Voilà vraiment des dieux humains, puisqu'ils souffrent et meurent. Dans