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Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/27

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heureux, les dieux de la jeunesse et de l'amour, se changent en démons tentateurs. Nous demandions un dieu humain, et déjà le médiateur est trop haut pour nos humbles prières ; qui les portera jusqu'à lui ? Ce sera sa Mère, l'idéal féminin des races chevaleresques du moyen âge, la divinité propice et lumineuse que nul n'invoque en vain. Qu'elle règne dans le ciel de son fils, couronnée de rayons et d'étoiles, les pieds sur le croissant de la lune, écrasant le front humilié du serpent.

Cependant le Dieu ennemi des prêtres et crucifié par eux courbe l'Occident sous le joug de la théocratie. Il prêche la douceur et le pardon, et la terre, sous son règne, se couvre de cachots, de gibets et de bûchers. Il annonce la délivrance, et l'esclavage envahit le nouveau monde avec sa doctrine. Il ordonne l'humilité et le renoncement aux biens du monde, et les richesses de son Église, la vente publique des grâces célestes, sont le signal de la révolte. Ainsi l'éternel dualisme de l'Arie se reproduit dans les étranges contradictions de l'histoire comme dans les luttes intérieures de l'Eglise.