Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


L’idéal qu’avait rêvé ma jeunesse,
L’étoile où montaient mes espoirs perdus,
Ce n’était pas l’art, l’amour, la richesse,
C’était la justice ; et je n’y crois plus.

Mais je suis bien las de ces tyrannies
Qu’adore en tremblant le monde à genoux :
Peuples énervés, races accroupies,
Nous léchons les pieds qui marchent sur nous.

Le présent est plein d’odieuses choses,
L’avenir est morne et désespéré :
Si l’on peut choisir ses métempsycoses,
Ce n’est pas ici que je renaîtrai.

Quand la mort, brisant la dernière fibre,
Au limon natal viendra m’arracher,
S’il est quelque part un astre encor libre,
Là-haut, dans l’éther, je l’irai chercher.