Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/69

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À cet appel, pareils aux nuages sans nombre
Que l’aquilon ramasse aux quatre coins du ciel,
Des hommes s’élançaient du sein de la nuit sombre
Pour contempler l’éclat du symbole éternel.

Quels cantiques d’amour, quels hymnes d’espérance
Répondirent ensemble à cette voix de Dieu !
Les anges à genoux contemplaient en silence
Ces saints qui, fatigués de doute et de souffrance,
Disaient au monde impie un éternel adieu.

Et dans la solitude aride et désolée,
Recueillis, à l’abri des orages du cœur,
Ainsi qu’un lac limpide à l’onde inviolée,
Où le ciel réfléchit sa coupole étoilée,
Ils créaient dans leur âme un monde intérieur.

Moi, de ces pèlerins suivant la course errante,
J’allai seule, pieds nus, un bâton à la main ;
Baisant d’un sang divin la trace encor récente,