Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/121

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ciel ? Pourquoi ne l’ai-je pas fait ? Un mot suffisait pour éterniser les heures de cette nuit pleurée, et ce mot, je ne l’ai pas dit. J’ai tenu mon rêve dans ma main et je l’ai laissé s’envoler ; ah ! malheureux que je suis ! Qu’ai-je besoin de vivre encore ? Si un danger la menace je ne serai pas là, si elle crie au secours je ne pourrai pas l’entendre, ce n’est pas vers moi qu’elle tournera son regard, je ne verrai plus s’allumer ces lueurs d’étoiles ! Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, ayez pitié de moi !

Sa prière fut exaucée : ses yeux se fermèrent et il tomba. Il est vaincu, dit l’ange noir, il est à nous.

L’ange blanc écouta quelques instants et dit : Silence, on prie pour lui : il est sauvé !