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LETTRE D’UN MYTHOLOGUE


À UN NATURALISTE



Je cueille une branche chargée de feuilles, de fleurs et de fruits ; j’en détache une graine et je la pèse. Dans l’autre plateau de la balance je mets le même poids d’une autre partie de la plante : feuille, fleur ou tige. Voilà deux masses égales de matière organisée ; elles sont formées des mêmes éléments : carbone, hydrogène, oxygène et azote, avec un peu de chaux et de silice. La proportion de ces éléments est la même, et ils semblent groupés d’une manière identique. Pourtant, si je mets en terre ces deux poids égaux de la même substance, l’un va se résoudre, par une décomposition successive, en molécules plus simples : eau, acide carbonique, ammoniaque ; l’autre, la graine, va tirer du sol et de l’atmosphère les mêmes produits : eau, am-