Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/137

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ton créateur et ton amant. Viens, nous voyagerons parmi les astres d’or, au-dessus des nuées ; je te porterai sur mes ailes puissantes, je t’enseignerai les lois éternelles.

— Tais-toi, Égrégore : tu vois bien qu’elle ne comprend pas. Les éclairs de son regard, tu as cru que c’était l’intelligence, ce n’était que la vie. Est-ce qu’elle a des ailes pour te suivre ? Tu lui parles une langue inconnue, elle a peur et elle se sauve. Ah ! La guenon du pays de Nod, elle va retrouver son grand singe anthropoïde, là-bas, dans les marais. Elle a raison, il faut des couples assortis. Mais toi, que fais-tu ici, Dieu tombé ? Va, retire-toi au désert et attends la fin de ton exil.

Les effluves du ciel peuvent descendre sur la terre, mais l’inerte matière ne peut monter vers l’esprit. Les âmes sont des étincelles du feu céleste, tombées des calmes régions de l’éther dans la sphère agitée de la vie. Vaincues par la toute-puissante fascination de la beauté, courbées sous le joug humiliant du désir, écrasées par les lourdes chaînes du corps, elles savent bien que la naissance est une chute et la conception une souillure. La pudeur leur rappelle le souvenir