Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/200

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en France est que, dans presque toutes les familles, la femme est catholique et le mari libre penseur, ou plutôt indifférent. Je sais bien qu’il y a malgré cela des mariages heureux, et vous me citez le vôtre. Convenez cependant que l’intimité de la famille ne peut être complète quand on ne parle pas la même langue, quand on n’a pas la même manière de comprendre le devoir, de distinguer le bien du mal. On en vient bientôt, pour éviter les discussions irritantes, à s’abstenir de parler des pratiques religieuses, que la femme juge obligatoires, et que le mari trouve inutiles ou mauvaises. La religion est un lien entre les consciences ; ce lien n’existe plus chez nous, et voilà pourquoi notre société est si malade.

L’opposition entre les hommes et les femmes devient de plus en plus profonde, parce que le catholicisme prend de plus en plus le caractère d’un parti politique. Connaissez-vous beaucoup de femmes républicaines ? Quand on appartient, comme moi, à la nuance la plus avancée du parti radical, on est exposé à se trouver en face de la prison ou de l’exil. Quel appui et quel encouragement un homme peut-il trouver chez une