Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/57

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pas de croire au progrès de l’esprit humain.

Moi. Comment n’y croirais-je pas ? Sans être plus habiles que les anciens, nous devons les dépasser, puisqu’à leurs travaux dans chaque science nous avons ajouté les nôtres.

Lui. Et vous regardez la philosophie comme une science ?

Moi. Assurément ; elle est même la première de toutes, puisque les autres lui empruntent leurs principes ; elle est aussi la plus certaine, car elle s’appuie à la fois sur des faits, comme les sciences d’observation, et sur des axiomes, comme les sciences de déduction.

Lui. Les axiomes me suffiraient, et même, je me contenterais d’un seul.

Moi. Eh bien, vous avez celui de Descartes : Je pense, donc je suis.

Lui. Il n’y a plus qu’à définir Je ; or, vous vous plaigniez tout à l’heure de ne pas vous connaître vous-même.

Moi. Mais vous, qui connaissez tout le monde, y compris vous-même apparemment, vous n’avez pas le droit d’être sceptique.

Lui. Que vous importe ce que je suis, pourvu que je vous réponde ?