Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/79

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viriles sont mortes avec l’antique religion. Le monde s’enveloppe dans son linceul, les lumières du ciel s’éteignent une à une et tout rentre dans la grande nuit.

Socrate. Grâce, ô Euménides, assez de maux amoncelés, je n’en pourrais supporter davantage.

Les Euménides. Qu’il soit fait selon ton désir, Socrate. Nous éteignons nos torches funèbres et nous t’épargnons le spectacle des longs siècles de douleur, d’esclavage et de honte qui vont s’ouvrir pour la misérable humanité.

Socrate. Ô Minos, tu me l’avais bien dit, cette révélation était au-dessus de mes forces. Il est trop dur de voir le mal qu’on ne peut réparer. Mais dis-moi pourquoi les erreurs de l’intelligence sont punies si cruellement puisqu’elles sont involontaires.

Minos. La peine est le premier degré de l’ascension. La douleur épure et sanctifie. Médite sur ce que tu viens de voir, et quand tu seras monté dans la sphère lumineuse où l’âme contemple les derniers mystères, tu comprendras les secrets de la haute justice des Dieux.