Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/95

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lumière par leurs feuilles. Cependant tous les êtres terrestres sont corruptibles et mortels, et la vie ne s’entretient que par la destruction. Qui dira que cela est un bien ? Si l’on prétend que cela était nécessaire, on met la nécessité au-dessus de la force créatrice. Si l’on soutient que la matière, par son inertie, résiste aux intentions de l’Ouvrier, on suppose à l’Ouvrier bien peu de prudence, puisqu’il n’a pas connu d’avance la matière qu’il avait à employer. Si, au contraire, il la connaissait, il devait prévoir que son œuvre serait mauvaise, et il aurait mieux fait de rester dans son repos.

Origène. De semblables paroles, Valentin, se répètent, je le sais, dans vos écoles de la Gnose, et elles suffisent pour faire accuser les chrétiens d’impiété.

Valentin. Comment admettre qu’un même principe ait produit deux effets opposés, le bien et le mal, l’esprit et la matière ? Puisque le monde est mauvais, le Prince de ce monde ne peut être bon.

Tat. La terre est le séjour du mal, Valentin, mais non pas le monde. Les corps célestes ne sont-ils pas incorruptibles et immortels ?