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abdiquer en faveur d’une voisine la supériorité que chacune croit posséder sur les autres ? Que l’on me cite le peuple prêt à donner à la nation élue une indiscutable suprématie sur lui-même et sur les autres peuples ?

Demandez cela à un Français, à un Anglais, à un Allemand, à un Italien, etc., etc. Tous seront d’accord pour répondre :

— Ah! quant à cela jamais… à moins que l’on ne choisisse ma langue.

Aussi quand M. Michel Bréal propose d’apprendre d’abord le français, ensuite l’anglais « parce qu’ « avec cela on est sûr de se faire entendre partout » (ce qui est loin d’être exact). M. Théodore Gartner, professeur à l’Université d’Innsbruck, conseille de « propager, faciliter, encourager l’enseignement des langues française, allemande, anglaise et italienne… » Ce qui est bien compliqué et en tout cas ne résout pas la question de la langue seconde auxiliaire.

Et même à supposer un seul instant, que, par impossible, tous les peuples tombent d’accord pour choisir l’un d’entre eux, celui qui accepterait l’honneur d’une si lourde charge ne tarderait pas à s’en repentir. Sa langue, au bout de fort peu de temps, évoluerait selon l’esprit des autres peuples ; elle perdrait son génie personnel, ses qualités naturelles ; et soit que tous les dix ans par