LE TRIOMPHE DU REVE
À votre âge, Père !
— À mon âge ?… Et puis quoi ! Pour être riche de souvenirs, il faut avoir vécu, |e suppose ?
— Vous allez vous ruiner les yeux.… vous fatiguer la tête… C’est fou, je vous dis !
Le vieillard branlait cette tête dont justement Mademoiselle Angéline redoutait la fatigue.
— La rédaction, me fatiguer !… Mais je n’ai fait que ça, pendant quarante ans !
— Voyons, Père, reprit la vieille-fille, pour un homme de votre âge, lire son journal, faire sa petite marche quotidienne, surveiller les travaux saisonniers, n’est-ce-pas tout ce qu’il faut ?
Le bonhomme s’emporta ; il oubliait que, pendant deux lustres, cette vie lui avait paru suffisamment pleine ; il se récria :
— C’est ça ! une existence vide ; le cer-