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LE TRIOMPHE DU REVE

sa vie et qui, dans son souvenir ou dans la mort aura toujours vingt ans.

Mais la plupart des feuillets sont couverts de sa propre écriture, penchée, bien sage déjà, bien disciplinée. Des notes, des canevas, quelques brouillons, qu’il avait totalement oubliés… Ah ! « La Dernière Lettre d’un Suicidé »… Il se souvient… Mais était-ce après les fiançailles de sa cousine Lisette ou bien ce jour où Hermance de Beauvoir lui a ri au nez ?

Il revoit son suicide manqué : la comédie qu’il s’est donnée à lui-même, l’acide phénique qu’il a versé dans le verre, en sachant bien qu’il ne le boirait pas ; l’hésitation romanesque de sa main, son geste pour repousser le breuvage, son prosternement au pied du Crucifix !… Aujourd’hui encore, il ne peut discerner la part du drame, celle de la bouffonnerie !

Quels périls n’a-t-il pas souhaités, qui lui

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