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TON CŒUR




 
Voulant me croire aimé, vainqueur
De mon âme triste et chagrine,
Un jour que j’écoutais ton cœur
Sous la rondeur de ta poitrine ;

Loin que ton cœur, oiseau charmant,
Semblât bondir à ma rencontre.
C’était un petit battement
Nerveux comme un tic-tac de montre.

Régulier, impassible, froid,
Ton cœur laissait couler sa dose
De sang pur, qui montait tout droit
À ta tête légère et rose.
 
J’eus peur un moment : j’avais cru,
Troublé de mon amour, entendre
Comme un flot trop vite accouru
Sur une fibre fine et tendre.