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Et de s'arrêter, Dieu merci !
Pour lire cela, puis ceci
Dans le livre doré sur tranches
De l'amour jeune et sans souci.

Juin riant et mélancolique
Débute et fait de la musique
Dans les prés verts, à pleine voix.
Il tire ses feux d'artifice :
Aux flammes roses du Caprice
Le rêveur se brûle les doigts
Sur la mousse chaude des bois
Courir alors est un délice.

Viens-tu, chère absente ? Je veux
Pour en embaumer tes cheveux
Chercher la dernière églantine.
En allant, tu me laisseras
M'arrêter à nouer mes bras
Autour de ta jeune poitrine.
Je veux mettre, ô mon bengali,
Sur ton front de marbre poli
Mon front que la caresse incline,
Et sur ta bouche un long baiser.

Restons... On est mieux dans la chambre
Quand le jour s'endort apaisé,
Couleurs de lait et senteurs d’ambre,
Ensemble avec art composé,
Accord parfait de chaque membre,
Voilà bien, en toute saison,
Pour l’amoureux le seul poème
Dont il entende la raison.