Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/149

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élan, anarchique dans le pouvoir absolu — génie qui devint celui de toute la nouvelle Russie.

Ces deux courants opposés, également violents, se réunirent dans un même remous qui fait tourbillonner depuis deux siècles le vaisseau de l’Etat russe dont le naufrage final est inévitable. L’autocratie orthodoxe se montre dans un équilibre impossible : réaction dans la révolution. Elle est suspendue d’une façon terrible au-dessus d’un abîme et finira par une chute plus terrible encore.

Dans la même mesure que s’est élevé l’édifice, s’est élargie la fente, s’est enfoncé le raskol. De la surface historique, il a pénétré dans la profondeur mystique où surgirent les sectes. Les stoundistes, les molokanes, les doukhobors vont presque jusqu’à la négation absolue et consciente, non seulement de l’autocratie russe, mais de tout gouvernement, de tout principe étatiste qu’ils considèrent comme le royaume de l’Antéchrist — jusqu’à l’anarchie religieuse.

Les sectes russes grandissent toujours et il est impossible de prévoir où elles aboutiront. Mais dès à présent dans quelques-unes de leurs idées } mystiques les plus profondes — dans le problème du sexe, comme il se pose chez les khlysty et les skopstsy, dans le problème social, comme il se pose chez les stoundistes et les doukhobors, il y