Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/155

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comme l'on bafoua de cette arrestation à Moscou. La grande femme, l’amie de Voltaire, Catherine, « petite mère », ne rougit pas de condamner sans jugement « un vieillard crispé par des douleurs hémorroidales », comme un criminel dangereux, à la peine la plus dure et sans merci, a Mais suivant l’impulsion de son humanité naturelle, et désirant lui laisser le temps de se repentir de ses crimes », est-il dit dans le jugement, elle ordonna son internement pendant quinze ans dans la forteresse de Schlusselbourg.

Un paysan, appartenant à un maçon exilé pour l’affaire Novikoff, répondit à cette question : « Pourquoi a-t-on exilé ton maître ? » — « On dit qu’il a cherché un autre Dieu. » — « Et pourquoi ? — répliqua l’autre, aussi un paysan, — y a-t-il quelque chose de meilleur que le Dieu russe ? » Cette naïveté ravit Catherine et elle raconta souvent l’anecdote.

Qu’y a-t-il de meilleur que le Dieu russe ou le tsar russe, car le tsar russe vient du Dieu russe ? Enfin le tsar, vient-il de Dieu ou Dieu du tsar, cela ne pouvait être discuté ni par le paysan naïf, ni même par l’impératrice-philosophe. En tout cas, il était clair pour cette dernière que la recherche « d’un autre Dieu » amènerait en Russie la recherche d’un autre tsar. Et Novikoff, du fond de la