Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

e dans l’océan ? Est-il descendu jusqu’au fond que ne trouble aucune tempête ? Est-il devenu là une perle invisible ?

Un jour d’hiver à Saint-Pétersbourg, par un tourbillon qui balayait la neige dans les rues, et qu’à trois heures il fallait allumer la lampe, tellement il faisait sombre, Dachenka, la vieille servante entra dans ma chambre, sans qu’on l’entendît, comme une souris ou une ombre, et me murmura d’une voix à peine perceptible, semblable au bruissement des feuilles mortes :

— Il y a deux moujiks à la cuisine. Ils vous demandent.

— Quels moujiks ?

— Ils ne sont pas d’ici, ils viennent de loin. Ils ont bonne mine et ne ressemblent pas à des malfaiteurs, chuchota-t-elle.

J’allai à la cuisine et vis deux moujiks inconnus : — l’un petit, lourdaud, extraordinairement laid, ressemblant à un kalmouk ou à un tartar ; l’autre, un jeune homme russe en touloupe, chaussé de bottes de feutre, le visage rouge de froid, bien portant et l’air paisible.

— Tu ne me reconnais pas, frère Dmitri ?

— Non.

— Je suis Alexandre.

— Quel Alexandre ?