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XIII


Dobrolioubov était chez moi peu avant le 9 janvier 1905, jour où les ouvriers de Saint-Pétersbourg voulurent se rendre en procession au Palais d’Hiver. En automne 1906, au moment delà seconde révolte de Sébastopol, m’arriva un matelot déserteur de la flotte de la mer Noire. Celui-ci effraya Dachenka. A vrai dire, il avait un air sinistre de galérien ; il paraissait capable de tirer un revolver de sa poche et de vous crier : Haut les mains ! — Au fond, il était doux comme un agneau. Il était venu aussi « pour parler » de Dieu auquel il ne croyait d’ailleurs pas : « Au nom de Dieu il a coulé trop de sang humain. Cela ne peut se pardonner ! » — Mais il croyait à l’homme qui deviendra Dieu, au Surhomme. Primitif et ignorant, presque illettré, il ne connaissait Nietzsche que par ouï-dire, mais les décadents russes lui étaient bien connus. Il les aimait comme