Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/246

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n’est certes pas une coïncidence fortuite, je le répète, que se décident en même temps le sort de l’autocratie dans la révolution russe et celui de la papauté dans la séparation de l’Eglise et de l’Etat qui a lieu en France actuellement. Ce sont deux moitiés d’une révolution universelle, deux commencements d’une même fin.

L’autocratie, avec ce côté religieux qu’elle a en Russie, n’a jamais existé dans l’Europe occidentale. Là, l’idée religieuse des monarchies est anémiée, affaiblie tout d’abord par l’autocratie spirituelle des papes, puis par la Réforme et enfin par la Révolution. Voilà pourquoi le pouvoir des monarques de l’Europe occidentale a pu être limité par un gouvernement représentatif. L’autocrate russe ne peut limiter son pouvoir, parce que l’origine de ce pouvoir est dans la sainteté absolue, dans <L l’onction du Seigneur ». L’oint du Seigneur doit être autocrate ou rien. Une constitution est moins possible en Russie qu’une république. L’autocratie comme royaume du Dieu-Homme est une chimère aussi folle, une utopie aussi irréalisable que le paradis terrestre, le royaume de l’humanité sans Dieu dont rêve l'anarchisme le plus violent et le plus abstrait De même que le pape, s’il le voulait, ne pourrait rejeter la papauté, le tsar ne peut rejeter l’autocratie. On ne peut pas