Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/258

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sa grandeur et sa vérité, ne peut conduire à une victoire décisive. Partout où il se manifeste, au centre ou sur les frontières, à Moscou ou dans. les provinces Baltiques, à Cronstadt ou à Odessa, il est écrasé par l’inébranlable force du tsarisme. Cet élan n’est au fond que le préliminaire du suprême combat.

Nos vieux révolutionnaires ont parfois senti plus profondément le sens et la force du tsarisme que les révolutionnaires de ces derniers temps. Mais, quand le sens mystérieux du tsarisme se révélait trop clairement à ces premiers révolutionnaires ils détournaient la tête avec horreur ; ils ne disposaient pas d’armes suffisantes pour la victoire, et ils ne voulaient pas mentir.

« Je suis parti, parce que je ne peux pas mentir et tromper le peuple », dit Debogorii-Mokriévitch [1]. Il est désespéré de ce qu’il faut contrefaire des documents « portant les aigles impériales », faire sa propagande « au nom du tsar », car, comme il le reconnaît, « on n’aboutit à rien avec le peuple, si on agit autrement ». Telle est la conclusion à laquelle ses amis et lui arrivèrent après la dure expérience de plusieurs années. Il n’est pas douteux que les temps sont changés : les propagandistes

  1. Révolutionnaire des années 1870-1880.