Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/269

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pas un plus grand rôle que dans celles de l’église d’Occident. Je m’empresse de dire que, sans nier nullement l’influence favorable de l’église grecque sur le développement de l’idée du tsarisme, ni diminuer l’importance du rôle de l’église en Russie, je ne considère pourtant pas le peuple russe et la foi orthodoxe comme si étroitement unis l’un à l’autre qu’il soit impossible de les séparer. Je me rangerais, au contraire, plutôt à l’opinion que, si l’influence de l’orthodoxie sur la religiosité du peuple russe a été profonde, elle n’a été que partielle ; elle a consisté en une accommodation, d’ailleurs très limitée, de l’esprit byzantin aux conditions de la vie russe et à l’âme russe. Le christianisme est entré en elles sans retour et peut-être les a plus profondément et plus vivement pénétrées qu’il n’a fait pour l’âme et la culture occidentales ; mais l’orthodoxie byzantine s’est arrêtée quelque part à la surface de la vie religieuse du peuple russe et son empreinte n’a pas été profonde. C’est encore une question débattue que celle de savoir si le peuple russe est, ou non, religieux ; mais il est hors de doute et bien clair qu’il est faiblement orthodoxe, malgré le grand nombre de ses saints orthodoxes, très caractéristiques pour l’église, mais non pour la masse du peuple. S’ils étaient d’ailleurs typiques, ce serait seulement dans leurs